A chaque parti, sa ville symbole

A chaque parti, sa ville symbole L'enjeu des municipales est important pour les états-majors politiques, à deux ans de la présidentielle.Le résultat dans quelques villes sera crucial pour chaque formation. Les Français se rendent aux urnes ce dimanche pour le premier tour . Au-delà du résultat...

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Published inEchos (Paris, France)
Main Author PIERRE-ALAIN FURBURY
Format Newspaper Article
LanguageFrench
Published Paris Les Echos 13.03.2020
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Summary:A chaque parti, sa ville symbole L'enjeu des municipales est important pour les états-majors politiques, à deux ans de la présidentielle.Le résultat dans quelques villes sera crucial pour chaque formation. Les Français se rendent aux urnes ce dimanche pour le premier tour . Au-delà du résultat général, le score de chaque formation politique sera particulièrement scruté dans quelques villes symboliques. Tour d'horizon. Paris pour le PS A la tête du quart des villes de plus de 10.000 habitants, les socialistes peuvent se permettre de perdre quelques municipalités. Mais en aucun cas la capitale, qu'ils dirigent depuis 2001 et dont ils veulent faire le symbole de leur résistance, alors qu'ils restent à la peine au niveau national. Bien qu'un électeur parisien sur trois ait choisi de voter pour Emmanuel Macron en 2017 et pour LREM aux européennes, est favorite dans la course à sa succession. Même si elle est créditée d'un niveau d'intentions de vote beaucoup plus bas que les suffrages qu'elle a obtenus en 2014, elle est en tête dans et dispose, avec les écologistes, d'une réserve de voix pour le second tour. « Elle va gagner et je l'en félicite », a déjà lancé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Mais le scrutin par arrondissements rend le scrutin incertain et ses deux rivales, pour LR et pour LREM, sont en embuscade. Lyon pour LREM La troisième ville de France est, avec Besançon, l'une des rares grandes municipalités que le parti d'Emmanuel Macron a dans son escarcelle. La voir tomber dans l'opposition signerait la Bérézina d'un scrutin qui s'annonce, quoi qu'il en soit, difficile pour lui. La bataille est rude entre le LREm , l'écologiste Grégory Doucet et le Républicain Etienne Blanc. Elle l'est aussi pour la Métropole, vrai centre du pouvoir où et que le maire sortant de la ville (et toujours candidat dans le 9e arrondissement), . L'ancien ministre de l'Intérieur met en avant son bilan et se targue d'avoir « révolutionné » Lyon, mais ce marcheur de la première heure, confronté à l'usure du pouvoir et à la candidature dissidente de son ancien dauphin David Kimelfeld, a fort à faire face à l'écologiste Bruno Bernard. Le jeu est ouvert et les rumeurs vont bon train sur une éventuelle alliance entre LREM et la droite. Marseille pour LR En cette fin de campagne, les ténors des Républicains ont concentré leurs efforts sur Paris, soucieux d'utiliser la dynamique de - et la place qu'occupe dans les médias la bataille pour la capitale - pour donner corps à leur discours sur le retour de la droite. Mais pour LR, qui part de haut après la vague bleue de 2014, l'essentiel est de conserver ses bastions et, notamment, Marseille. Perdre la plus grande ville qu'il dirige (depuis 1995) serait pour le parti un véritable échec. Sa candidate, , qui préside la métropole et le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, tient plutôt la corde dans , devant le RN Stéphane Ravier, mais elle est handicapée par le bilan très critiqué de Jean-Claude Gaudin et par la candidature dissidente du sénateur Bruno Gilles, que Les Républicains ne sont pas parvenus à débrancher. Si les listes de gauche parviennent à s'allier, le second tour pourrait être très serré. Strasbourg pour EELV Pour confirmer leur dynamique des européennes, les écologistes ne doivent pas seulement garder , leur seule grande ville (depuis 2014). Il leur faut en conquérir d'autres. La , qui plus est l'une des capitales de l'Europe dans laquelle Emmanuel Macron était arrivé en tête à la présidentielle, est à cet égard un morceau de choix pour un parti qui veut conforter son bon résultat des dernières européennes. « Dans cette campagne électorale, on entend beaucoup parler d'écologie. Mais on a assez parlé d'écologie ; maintenant il faut agir », martèle Jeanne Barseghian, la tête de la liste EELV-PCF. Cette juriste de 39 ans, qui siège au conseil municipal depuis 2014 (au sein de la majorité), est au coude-à-coude dans avec celle de LREM, emmenée par Alain Fontanel. Ancien socialiste, ce dernier a le soutien du maire sortant, Roland Ries, dont il a été l'adjoint. Le PS, avec l'ancienne maire Catherine Trautmann (propulsée tête de liste après le retrait de Mathieu Cahn), pourrait être le faiseur de roi. Perpignan pour le RN Si l'on en croit Salvador Dali, c'est là (en l'occurrence à la gare) que se trouve le « centre du monde ». Ce qui est certain, c'est que Perpignan est au centre des espoirs du Rassemblement national à ces municipales. Sur le papier, la cité catalane est la seule ville de plus de 100.000 habitants que l'extrême droite peut espérer gagner. Son candidat, le député et conseiller municipal Louis Aliot, s'emploie à rassurer, se gardant de mettre la bannière du RN sur ses affiches et promettant de gérer la ville « en bon père de famille ». L'ancien compagnon de Marine Le Pen est très bien placé pour virer en tête au premier tour, dans une ville qui connaît un fort taux de pauvreté, où l'extrême droite est implantée depuis longtemps et qui a placé Marine Le Pen en tête à la présidentielle et la en tête aux européennes. Cela suffira-t-il pour faire voler en éclat le « plafond de verre » auquel se heurte encore souvent son parti ? En 2014, Louis Aliot avait été battu (par 55,1 % des voix contre 44,9 %) par Jean-Marc Pujol, qui se représente avec l'étiquette LR. Un « bon début », avait-il affirmé. Saint-Denis pour le PCF Elle est connue pour le Stade de France et sa basilique. Mais c'est aussi un bastion communiste. Saint-Denis est l'une des deux villes de plus de 100.000 habitants, avec Montreuil, détenues par le PCF. La seule, en revanche, à être dans ses mains depuis la Libération. C'est peu dire que la perte de la plus grande ville du département de Seine-Saint-Denis serait un coup très rude pour les communistes. Laurent Russier, qui a pris les rênes de la mairie en 2016, est candidat pour la première fois comme tête de liste. La concurrence est forte à gauche. Celle de La France insoumise , qui fait bande à part. Celle, surtout, de l'ancien député socialiste Mathieu Hanotin (directeur de campagne de Benoît Hamon durant la campagne présidentielle), qui n'avait été battu, aux municipales de 2014, que de… 181 voix. Dans cette ville très à gauche, où Jean-Luc Mélenchon a recueilli plus de 43 % au premier tour de la dernière présidentielle mais où LREM est arrivé en tête aux européennes, le candidat du parti présidentiel, Alexandre Aïdara, est un ancien socialiste, membre du cabinet de Christiane Taubira à la Justice. Le 20e arrondissement de Paris pour LFI Affaiblie par son score aux européennes et handicapée par sa faible implantation locale, La France insoumise affiche des ambitions modestes : elle n'est présente que dans 550 listes. Mais le résultat de Danielle Simonet, son porte-drapeau à Paris aux côtés de l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo, sera regardé de près. Moins dans l'ensemble de la ville, où elle n'a pas la moindre chance de conquérir la mairie, que dans le XXe arrondissement, où elle est tête de liste. Non pas qu'elle y ait plus de chances de l'emporter. En 2014, elle n'y avait pas dépassé 10,4 % des suffrages au premier tour et 13,7 % au second. Faire moins serait une contre-performance pour l'énergique oratrice nationale de LFI, qui est l'une des rares personnalités du mouvement en lice dans la bataille et a promis « une belle surprise ». C'est dans cet arrondissement populaire que Jean-Luc Mélenchon avait réalisé son meilleur score, à Paris, à la présidentielle : 31,8 % des voix (à la première place, devant Emmanuel Macron), soit 12 points de plus que sur l'ensemble de la capitale. Pierre-Alain Furbury
ISSN:0153-4831
2270-5279