Épiphanie du corps dans L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie

Cosigné par Annie Ernaux et Marc Marie, L’Usage de la photo, publié en 2005, fait se croiser deux préoccupations qui semblent constituer des piliers de l’imaginaire ernausien : le corps, centre névralgique du récit depuis Les Armoires vides, qui impose au sujet ses contraintes et ses règles du jeu,...

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Main Author Oberhuber, Andrea
Format Journal Article
LanguageEnglish
Published 12.01.2016
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Summary:Cosigné par Annie Ernaux et Marc Marie, L’Usage de la photo, publié en 2005, fait se croiser deux préoccupations qui semblent constituer des piliers de l’imaginaire ernausien : le corps, centre névralgique du récit depuis Les Armoires vides, qui impose au sujet ses contraintes et ses règles du jeu, de même que l’importance d’images photographiques pour la mémoire individuelle et sociale. L’expérience d’un corps singulier, voire singularisé par la maladie, est mise à l’épreuve dans L’Usage de la photo. Omniprésent dans les textes, le corps constitue l’élément absent des photographies qui rythment cette œuvre issue d’une démarche collaborative. L’ouvrage se présente au lecteur comme une série de moments épiphaniques composés d’images photographiques en noir et blanc et de parties textuelles, qui retracent la relation de couple marquée par le cancer du sein de la narratrice. Ce qui, à première vue, se donne à lire comme une succession d’ébats amoureux et sexuels entre A. et M. se révèle être une réflexion sur le pouvoir recréatif de l’écriture. L’image sert d’interface projective à partir de laquelle naissent les récits spéculaires des deux narrateurs-protagonistes, les deux entités formant des diptyques. L’analyse de L’Usage de la photo s’attardera sur l’idée d’un projet d’écriture double qui place au cœur de cette œuvre photofictionnelle l’investigation sur le corps tour à tour malade, désirant, source de (ré)jouissance et, phénomène inquiétant, systématiquement absent de toutes les images. Sera également étudié l’impact de la maladie sur la relation de couple auquel la photographie sert de révélateur et qui refuse de consigner le corps à l’intérieur du cadre de la souffrance et de la mélancolie.
ISSN:1715-9261
1715-9261
DOI:10.18192/analyses.v11i1.1480