The Man in the High Castle de Philip K. Dick : et si on changeait le contexte ?

Dans un contexte historique renversé au sortir de la seconde guerre mondiale (en grands vainqueurs, l’Allemagne et le Japon se sont partagés la planète), le monde est découpé selon des lignes raciales et soumis à des rapports sociaux hautement hiérarchiques dans lesquels il s’agit de faire sa « plac...

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Published inEtudes de stylistique anglaise pp. 31 - 43
Main Author Sorlin, Sandrine
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Société de stylistique anglaise 2013
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Summary:Dans un contexte historique renversé au sortir de la seconde guerre mondiale (en grands vainqueurs, l’Allemagne et le Japon se sont partagés la planète), le monde est découpé selon des lignes raciales et soumis à des rapports sociaux hautement hiérarchiques dans lesquels il s’agit de faire sa « place », quitte à s’aliéner linguistiquement. Les conversations se transforment en champs de bataille organisée où chaque coup linguistique peut se solder par une défaite humiliante ou une avancée victorieuse sur l’autre. Les pensées authentiques sont confinées dans la narration, espace d’incommunicabilité où se brouillent les frontières entre les types de discours. Mais plus globalement, les êtres sont « parlés » par une rhétorique idéologique plus qu’ils ne (se) parlent vraiment. De façon effrayante, The Man in the High Castle se fait en effet le témoin, quinze après la fin de la guerre, d’une propagande qui a fonctionné et qui, de fait, ne se perçoit plus comme manipulation. Par ailleurs, la dualité de codes culturels (Orient/Occident) largement incompatibles rend les échanges d’autant plus difficiles. Si les Allemands aspirent à un monde sans frontières de l’ordre de la « notion » linguistique, hors contexte, indifférente à l’individualité spécifique, les Japonais sont tenus par un livre ancestral, le I Ching, qui fait toute sa place à l’infiniment petit dans une contextualisation permanente, toujours renouvelée. Dans la fiction géopolitique proposée par Philip K. Dick, le changement de protagonistes ne changent rien à la scène dramatique : les modes d’exploitation et de colonisation semblent indifférents au contexte.
ISSN:2116-1747
2650-2623
DOI:10.4000/esa.1596