Avec Ghérasim Luca (1913–1994), extension du domaine des apatrides

Né en 1913 à Bucarest, Ghérasim Luca parlait couramment le roumain, le français, l’allemand et le yiddish ; il traduisait également le russe. En 1962, dix ans après son installation à Paris, il notait pour lui-même cette proposition paradoxale et forte : « Je suis l’Étranjuif ». C’est à la fin des a...

Full description

Saved in:
Bibliographic Details
Published inModern languages open no. 1
Main Author Serge Martin
Format Journal Article
LanguageCatalan
Published Liverpool University Press 01.11.2019
Online AccessGet full text

Cover

Loading…
More Information
Summary:Né en 1913 à Bucarest, Ghérasim Luca parlait couramment le roumain, le français, l’allemand et le yiddish ; il traduisait également le russe. En 1962, dix ans après son installation à Paris, il notait pour lui-même cette proposition paradoxale et forte : « Je suis l’Étranjuif ». C’est à la fin des années quatre-vingts qu’il abandonne son statut d’apatride. Son suicide, le 9 février 1994, par noyade dans la Seine, a rappelé qu’il se considérait comme définitivement « hors la loi ». Mais c’est surtout par son oeuvre qu’il engage une extension du domaine de l’apatridie, puisqu’il décide de regrouper ses oeuvres sous les dénominations génériques d’ontophonies et de cubomanies, refusant ainsi toute assignation littéraire ou picturale. Avec quelques exemples précis pris à l’oeuvre, cette contribution tente de montrer le fonctionnement et les enjeux de cette apatridie radicale. L’article décline en trois moments cette revendication tout au long de l’oeuvre-vie : l’autodétermination poétique s’affirme d’abord comme la puissance de l’oeuvre contestant toute assignation générique, puis elle oppose à tout commencement ontologique des recommencements incessants, enfin elle engage une espèce de naissance continuée qui constitue toute la force de l’oeuvre-vie de Ghérasim Luca.
ISSN:2052-5397
DOI:10.3828/mlo.v0i0.223