L’incidence des fractures pendant et au décours d’un traitement de fond de l’ostéoporose

La prescription d’un traitement de fond de l’ostéoporose est associée avec une réduction de 30 à 70 % du risque de fracture. La prolongation du traitement par les anti résorbeurs est associée avec une majoration du risque de fracture atypique du fémur et d’ostéonécrose mandibulaire. En raison de l’e...

Full description

Saved in:
Bibliographic Details
Published inRevue du rhumatisme (Ed. française : 1993) Vol. 87; pp. A67 - A68
Main Authors Chorin, E., Bouvard, B., Frain De La Gaulayrie, A., Hoppe, E., Levasseur, R., Audran, M., Legrand, E.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier Masson SAS 01.12.2020
Online AccessGet full text

Cover

Loading…
More Information
Summary:La prescription d’un traitement de fond de l’ostéoporose est associée avec une réduction de 30 à 70 % du risque de fracture. La prolongation du traitement par les anti résorbeurs est associée avec une majoration du risque de fracture atypique du fémur et d’ostéonécrose mandibulaire. En raison de l’efficacité rémanente des BP, il est souvent proposé aux patients de suspendre le traitement, après une séquence thérapeutique de 3 à 5 ans. L’incidence et la localisation des fractures survenant au cours de cette période de “vacances thérapeutiques” sont encore mal connues. L’objectif de cette étude était de décrire la survenue des fractures chez plus de 200 patients, d’une part au cours de la période thérapeutique et d’autre part dans les 3 années suivant la suspension du traitement de fond. La cohorte comporte 203 patients traités dans le cadre d’une consultation spécialisée d’un CHU. Chez tous ces patients, le traitement a été suspendu par le rhumatologue avec ensuite une surveillance organisée tous les 2 à 3 ans. Nous avons évalué la gravité initiale de l’ostéoporose (âge, facteurs de risque, DMO, fractures), l’évolution de la DMO et la survenue des fractures : – au cours de la séquence thérapeutique puis ; – au cours de la période de suspension thérapeutique. Tous les patients ont eu une VFA ou des radiographies du rachis à intervalles réguliers. Au début de la séquence thérapeutique, les patients sont âgés en moyenne de 63,1 ans avec un IMC de 23,8kg/m2. L’ostéoporose est fracturaire chez 112 patients (55,2 %) avec une majorité de fractures vertébrales (91 patients, 44,8 %). Le traitement de fond comporte un bisphosphonate chez 202 patients (raloxifène seul dans un cas) toujours associé à de la vitamine D. Pendant la séquence thérapeutique, d’une durée moyenne de 72,3 mois, nous avons observé la survenue de fractures chez 27 patients (13,3 %) dont 23 patients avec une fracture majeure. La localisation concerne en particulier les vertèbres (n=16), le bassin et l’ESF (n=3), l’humérus et le tibia (n=4), les cotes (n=1) et le poignet (n=3). Pendant la période de suspension thérapeutique, d’une durée moyenne de 46 mois, nous avons observé la survenue de fractures chez 38 patients (18,7 %) dont 31 patients avec une fracture majeure, avec en particulier les vertèbres (n=27), le bassin et l’ESF (n=4), l’humérus (n=2) et le poignet (n=7). Si l’on prend en compte les 36 premiers mois suivant la suspension du traitement, la densité osseuse reste inchangée sur le rachis et le col fémoral et l’incidence des fractures est faible : 18 patients (8,8 %) dont 13 fractures majeures et 5 fractures du poignet. L’analyse en régression logistique multivariée (intégrant âge, DMO, facteurs de risque clinique, statut fracturaire, durée du traitement) montre que pendant la période thérapeutique, l’âge élevé (RR 1,08, p=0,008) et la durée du traitement (RR 1,23 p=0,007) sont associés avec la survenue des fractures. Pendant la période de suspension thérapeutique, le caractère fracturaire initial de l’ostéoporose (RR 3,6, p=0,012), la DMO fémorale de fin de séquence (RR 0,48, p=0,014) et la durée de traitement (RR 1,18, p=0,017) sont associés à la survenue des fractures. Cette étude montre que 13 % des patients traités pour une ostéoporose fracturent sous traitement et que lors des 3 années suivant l’arrêt des BP, la DMO reste inchangée et 9 % des patients présentent une nouvelle fracture. Cette étude suggère que la suspension d’un traitement par BP pendant 3 ans après une séquence thérapeutique bien conduite n’est pas délétère pour les patients, l’incidence des fractures étant plus faible que sous traitement.
ISSN:1169-8330
DOI:10.1016/j.rhum.2020.10.111