Genre(s) au travail
Le Corpus de ce numéro explore l’intérêt et les apports d’une lecture genrée des dynamiques des mondes du travail contemporain. Il questionne ensemble « rapports de genre » et « rapports au travail » dans un contexte où s’exacerbent, dans ces deux registres comme dans leurs intersections, les tensio...
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Published in | La Nouvelle revue du travail no. 10 |
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Main Authors | , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , |
Format | Journal Article Publication |
Language | French |
Published |
Nouvelle revue du travail
2017
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Subjects | |
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Summary: | Le Corpus de ce numéro explore l’intérêt et les apports d’une lecture genrée des dynamiques des mondes du travail contemporain. Il questionne ensemble « rapports de genre » et « rapports au travail » dans un contexte où s’exacerbent, dans ces deux registres comme dans leurs intersections, les tensions entre les dynamiques d’émancipation et le renouvellement ou l’aggravation des logiques de domination. Il s’agit en particulier de soumettre l’hypothèse selon laquelle le sens des processus d’engagement/désengagement du travail professionnel est rendu plus énigmatique aujourd’hui en raison de la détérioration notable du marché de l’emploi et des conditions de travail. Le rapport au travail des hommes et des femmes est nécessairement affecté par les phénomènes d’individualisation, d’intensification, de précarité, de casse des métiers et des collectifs, de carrières et de salaires bloqués... Autant de phénomènes qui soutiennent une représentation du « travail moderne » particulièrement peu attractive. Mais de quelle manière le rapport au travail s’en trouve-t-il modifié ? Dans le sens d’un désenchantement, ou d’une prise de distance subjective ? Ou bien la position singulière des femmes dans les rapports de domination contribue-t-elle à alimenter chez ces dernières des attentes et des espérances encore puissantes ? En particulier parce que, pour elles, l’enjeu du travail dépasse la seule sphère professionnelle et affecte l’ensemble du processus d’individuation. En tirant le fil de ce questionnement, on peut se demander comment se traduisent ces attentes : par une résignation plus forte aux contraintes du monde du travail contemporain ? Par l’adoption, au contraire, d’autres pratiques à l’égard de son activité, de sa vie quotidienne et familiale ? Par des engagements collectifs critiques ? Les questions ne manquent pas lorsqu’on tente d’interroger la centralité subjective du travail à partir d’une perspective genrée. Il ne s’agit pas tant, ici, de mettre en évidence les multiples inégalités et discriminations manifestant le poids des rapports sociaux de sexe dans le monde du travail (désormais largement documentées), que de saisir le(s) processus de construction genrée du rapport au travail par une exploration des résistances, des émancipations, des adaptations ou des accommodements aux contraintes du travail moderne. La Controverse interroge le film de Ken Loach, I, Daniel Blake, qui, en offrant une critique du système de protection sociale britannique fait écho à de nombreux travaux en sociologie portant sur la gestion du chômage, les transformations du travail, de l’emploi et de la protection sociale. Qu’est-ce que le regard du cinéaste apporte au regard du sociologue ? Que permet-il de mettre en lumière ou à l’inverse conduit-il à assombrir ? En quoi la réalité britannique se rapproche-t-elle de la réalité française ? Parmi les Varia, un article montre comment le lean management a radicalement transformé les conditions de travail des fonctionnaires britanniques dans deux administrations gouvernementales, tout en affectant la qualité des services rendus. Le second article analyse « l’idéal de métier » des libraires spécialisées dans la littérature pour la jeunesse : face à la grande distribution et à la vente en ligne, comment les libraires restent-ils indépendants à partir d’un métier où le conseil aux lecteurs et aux parents continuent de fonder leur raison d’être ? Champs et contrechamps s’intéresse au dessin ouvrier du xixe siècle : Louis Marie Bosredon (1815-1881), artiste ouvrier proche du socialiste Charles Fourier, recourt au dessin pour critiquer, malgré la censure, les pratiques bourgeoises de l’époque. Bel exemple du rejet de la distinction stricte entre art et science pour faire du dessin ouvrier un moyen d’observation participante à part entière en donnant à l’image toute sa place dans la vie publique.Dans Matériaux, l’entretien avec Rebecca, bénéficiaire du dispositif d’insertion sociale et professionnelle Garantie jeunes interroge la thèse d’une « génération Y » née au moment de la révolution technologique qui douterait des buts du travail. En même temps, l’article développe une réflexion méthodologique sur la complémentarité des techniques d’enquête employées pour saisir, selon différents angles, le rapport au travail et à l’emploi de Rebecca. Enfin, les Recensions et notes de lecture, dans leur diversité, continuent les débats avec les mondes scientifiques et militants, raisons d’être de la Nouvelle Revue du Travail. |
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ISSN: | 2495-7593 2263-8989 |
DOI: | 10.4000/nrt.2850 |