Médecine, limites et société : questions éthiques et pistes pratiques

Résumé Dans un monde qui se perçoit en croissance infinie, peut-on aborder la question des limites, plus particulièrement des limites thérapeutiques ? Qu’elles soient d’origine corporelle, psychique, institutionnelle ou existentielle, les limites auxquelles nous sommes confrontées sont incontournabl...

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Published inPsycho-oncologie Vol. 10; no. 1; pp. 23 - 29
Main Authors Mallet, D., Chaumier, F.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Cachan Lavoisier 01.03.2016
Springer
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Summary:Résumé Dans un monde qui se perçoit en croissance infinie, peut-on aborder la question des limites, plus particulièrement des limites thérapeutiques ? Qu’elles soient d’origine corporelle, psychique, institutionnelle ou existentielle, les limites auxquelles nous sommes confrontées sont incontournables. Mais elles ne sont pas pacifiées. Elles restent de l’ordre du conflit et c’est sur ce champ de bataille qu’il faut s’aventurer. Le médecin semble le mieux placé pour construire un rapport aux limites. Mais sa formation, les orientations de la médecine, le fonctionnement institutionnel avec l’objectif d’accroissement de la quantité de la vie par la production d’actes médicoéconomiques viennent mettre à mal l’évidence de cette fonction. Dans ce contexte, l’enjeu est plutôt de construire une responsabilité collective avec la détermination de différents niveaux de responsabilité: 1) un niveau médical, s’appuyant sur des repères cliniques et une sagesse pratique; 2) un niveau collectif avec l’instauration d’une délibération pluridisciplinaire comprenant le patient, son entourage et l’équipe soignante; 3) un niveau disciplinaire avec la formulation de recommandations nationales permettant de baliser collectivement les prises de décision; 4) un niveau sociétal et politique avec une médiatisation de choix politiques clairs et cohérents en assumant publiquement les orientations prises et le rapport à la limite. En conclusion, le médecin peut construire un rapport aux limites en exerçant trois fonctions. La première est de l’ordre de l’« accompagnement ». La deuxième fonction est de l’ordre de la « médiation ». La troisième fonction est plus collective. Il s’agit d’être un des créateurs d’une culture de service, d’un « ethos » contenant partiellement la déstructuration et l’angoisse du patient. Ce positionnement langagier ouvre, sans prétendre le combler, le questionnement sur le sens ou non-sens de la condition humaine mise à mal par cette confrontation inéluctable aux diverses limites.
ISSN:1778-3798
1778-381X
DOI:10.1007/s11839-016-0554-6