Les effets indésirables retardés chez les donneurs de sang : des données de l’hémovigilance aux études spécifiques

Les effets indésirables retardés chez les donneurs de sang sont des réactions qui se produisent après leur départ du lieu de prélèvement. Au-delà de leur gravité intrinsèque, ils peuvent induire des complications sérieuses et amener le donneur à ne plus revenir donner. L’établissement de transfusion...

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Published inTransfusion clinique et biologique : journal de la Société française de transfusion sanguine Vol. 23; no. 4; pp. 233 - 239
Main Authors Py, J.-Y., Durieux, S., Barnoux, M., Sapey, T.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier SAS 01.11.2016
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Summary:Les effets indésirables retardés chez les donneurs de sang sont des réactions qui se produisent après leur départ du lieu de prélèvement. Au-delà de leur gravité intrinsèque, ils peuvent induire des complications sérieuses et amener le donneur à ne plus revenir donner. L’établissement de transfusion sanguine ne connaîtra l’évènement que si le donneur le lui signale. Cette incertitude crée une sous-appréciation du phénomène que nous avons voulu explorer dans nos données et dans la littérature. La déclaration obligatoire des effets indésirables donneurs graves en hémovigilance fournit une première vision des effets retardés, limitée à ceux qui sont spontanément remontés par les donneurs. L’analyse des données enregistrées lors des prélèvements par l’établissement de transfusion sanguine permet d’étendre cette vision aux effets indésirables non graves, mais toujours limitée à ceux que le donneur signale. Une revue de la littérature a permis de retrouver des études spécifiques sur les effets retardés, qui ont été comparées à nos données. Notre base régionale d’effets indésirables donneurs graves comprend 1957 évènements déclarés entre 2011 et 2015, dont 49 % surviennent pendant le prélèvement, 40 % après le prélèvement mais avant le départ du donneur et 11 % après celui-ci. Le signalement des effets indésirables donneurs en France métropolitaine sur le premier trimestre 2016 porte sur 16 050 évènements, dont 2,7 % sont retardés. La part des effets retardés augmente avec la gravité de l’effet pour atteindre 27,6 % pour les plus graves. Elle varie de 2,2 à 2,7 % selon que l’effet indésirable est un malaise vagal, un hématome ou une autre réaction à caractère local. Elle atteint 16,2 % quand on isole les autres réactions à caractère général. Les données de la littérature sont conformes aux nôtres dans le même contexte de remontée spontanée des effets retardés par les donneurs. Mais quatre études publiées entre 2003 et 2013 ont spécifiquement recherché les effets retardés auprès des donneurs. Leurs résultats convergent pour conclure qu’au moins trois effets indésirables sur quatre échappent à notre connaissance car ils vont survenir après que le donneur soit parti, sans compter un nombre encore plus important de réactions mineures qui ne sont pas prises en compte par l’hémovigilance. La survenue d’un effet indésirable après que le donneur ait quitté le lieu de prélèvement est donc un phénomène très largement sous-apprécié. Il reste à évaluer s’il pèse aussi lourd que les réactions immédiates sur l’arrêt des dons des donneurs. Il conviendrait également d’inclure ces effets retardés dans l’évaluation des stratégies visant à réduire les effets indésirables, qui est essentiellement faite sur les effets immédiats. Delayed adverse reactions to blood donation occur after the donor left donation site. Their intrinsic gravity and possible complications can be increased by the fact the donor is alone. This can also increase bad memories, leading to a donation giving up. Blood transfusion centre is only aware in case of donor feedback, hence an event underrating. We choose to compare our data upon delayed adverse donor reactions with those we could find in past studies. A first data level comes from French haemovigilance data while serious adverse reactions declaration is mandatory. But a second level can be reached using blood transfusion centre computerized data because all the donation reactions are saved whatever the gravity is. In both cases, delayed reactions are only those reported by donors. We try to make an exhaustive search of specific studies upon the real delayed reactions incidence so as to compare with our data. There were 1957 serious adverse reactions declared in our regional haemovigilance database between 2011 and 2015: 49 % occurring during donation, 40 % after it but before donor departure, and 11 % delayed events. There were 16,050 adverse reactions recorded during the first trimester of 2016 in mainland France, with 2.7 % delayed ones. Proportion of delayed events rises when gravity rises, until 27.6 % for the most serious ones. It varies between 2.2 % and 2.7 % for vasovagal reactions, haematomas, and other local reactions, and reaches 16.2 % for other general reactions. Data found in other studies with a spontaneous donor notification are of the same kind. But four studies soliciting specifically donor notification give a dramatically higher delayed reactions incidence, with an understatement greater than three out of four. Moreover, these studies found a majority of delayed reactions, which are not included in haemovigilance like fatigue or bruising. Occurrence of a delayed donor reaction is clearly underrated in standard haemovigilance. It remains to be seen whether it have the same impact on donor return as immediate reactions. Considering that delayed reactions are much larger, it might be interesting to take them into account in the evaluation of strategies dedicated to lower immediate reactions.
ISSN:1246-7820
DOI:10.1016/j.tracli.2016.07.007