Récepteur soluble de l’interleukine 2 au cours de la sarcoïdose : vers un nouveau biomarqueur d’activité et de suivi ?

La sarcoïdose est une maladie systémique granulomateuse d’étiologie inconnue, dont la présentation clinique et l’évolution peuvent être hétérogènes. Il n’existe pas à ce jour de marqueur d’activité optimal pour le suivi. La sarcoïdose est caractérisée par une activation lymphocytaire T, dont l’éléva...

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Published inLa revue de medecine interne Vol. 43; p. A96
Main Authors Pagis, V., Sève, P., Garnier, L., Bulteau, C., Comarmond, C., Vanjak, A., Champion, K., Burlacu, R., Lopes, A., Bigot, W., Nassarmadji, K., Mouly, S., Sene, D.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier Masson SAS 01.06.2022
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Summary:La sarcoïdose est une maladie systémique granulomateuse d’étiologie inconnue, dont la présentation clinique et l’évolution peuvent être hétérogènes. Il n’existe pas à ce jour de marqueur d’activité optimal pour le suivi. La sarcoïdose est caractérisée par une activation lymphocytaire T, dont l’élévation du récepteur soluble de l’interleukine 2 (sIL2R) peut être un bon marqueur. Plusieurs études ont évalué son intérêt comme marqueur diagnostique ou d’activité, avec des résultats discordants. L’objectif de l’étude est d’évaluer l’intérêt du dosage du sIL2R comme biomarqueur d’activité dans la sarcoïdose en comparaison avec les biomarqueurs sériques usuels. Analyse rétrospective de 103 patients atteints de sarcoïdose ayant bénéficié d’un dosage du sIL2R entre novembre 2019 et janvier 2022 dans 2 centres hospitaliers universitaires français. Le diagnostic de sarcoïdose était retenu devant une présentation clinicoradiologique évocatrice, la mise en évidence de granulomes sur le plan histologique (81,6 %) et l’élimination des diagnostics différentiels. Le dosage du sIL2R (N<1425pg/mL) a été déterminé chez les 103 patients, celui de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA) chez 85 patients (après exclusion des patients sous IEC), du lysozyme sanguin chez 76 patients et du 1-25 OH vitamine D3 chez 86 patients. La maladie était considérée active chez tous les patients au diagnostic, en présence d’une nouvelle manifestation clinique et chez ceux pour lesquels un traitement a été instauré ou intensifié au moment de l’évaluation clinique concomitante du dosage des biomarqueurs. Les données continues ont été comparées en utilisant un test non-paramétrique et les données ordinales le test de Fisher exact. La sensibilité et la spécificité ont été évaluées pour chaque biomarqueur. Pour les 103 patients inclus dans l’étude (54,3 % de femmes), l’âge moyen au moment du dosage était de 53 ans. Soixante sarcoïdoses étant classées comme actives (58 %) et 43 inactives (42 %) (Tableau 1). Les principales manifestations d’activité étaient ganglionnaires (n=35 ; 34 %), pulmonaires (n=22 ; 21 %), oculaires (n=17 ; 16,5 %), cutanées (n=11 ; 11 %), hépatiques (n=10 ; 10 %) ; ORL (n=9 ; 8,7 %). Une altération de l’état général était présente chez 19 patients (18,4 %). Cinquante patients étaient traités au moment du dosage (48,5 %) dont 38 (36,9 %) par corticoïdes, avec une dose médiane 5,5mg par jour (IC95 % [5–10]). Comparés aux patients inactifs, les patients actifs avaient des taux médians sériques significativement plus élevés de sIL2R (2096,5 vs 1337,0pg/mL ; p=0,00005), d’ECA (73,5 vs 47UI/L ; p=0,008) et de 1-25 OH Vitamine D3 (149 vs 105pmol/L ; p=0,01). Des taux de sIL2R élevés (>1425pg/mL) étaient présents chez 75 % des sarcoïdoses actives contre 44 % des sarcoïdoses inactives (p=0,002), des taux sériques élevés d’ECA (>70UI/L) chez 54 % versus 24 % (p=0,007), des taux sériques élevés de 1-25 OH vitamine D3 (>145pg/mL) chez 51 % versus 18,9 % (p=0,003) et des taux sériques élevés de lysozyme chez 69,6 % versus 73 % (p=0,8). En résumé, le sIL2R est plus sensible que l’ECA et la 1,25 OH vitamine D (75 % versus 54 % et 51 % ; p<0,001) alors que l’ECA et la 1,25 OH vitamine D paraissent plus spécifiques (76 % versus 81 % versus 56 % ; p<0,005). Par ailleurs, parmi les 23 patients qui ont des taux sériques élevés à la fois de sIL2R et de 1,25OH vitamine D, 91 % sont actifs contre 83 % des 24 patients ayant des taux sériques élevés à la fois de sIL2R et ECA. Le sIL2R est un biomarqueur pertinent pour évaluer l’activité d’une sarcoïdose. Il semble plus sensible que l’ECA et la 1-25 OH vitamine D3 utilisées en pratique courante pour dépister une sarcoïdose active. Son association avec la 1-25 OH vitamine D3 renforce son intérêt avec une VPP de 91 %.
ISSN:0248-8663
1768-3122
DOI:10.1016/j.revmed.2022.03.283