Moindre réactivité émotionnelle aux stimuli négatifs dans la sclérose en plaques, résultats préliminaires

Jean-Martin Charcot a dès le xix e siècle décrit des troubles émotionnels dans la sclérose en plaques (SEP). Pourtant, les études ayant porté sur les émotions dans la SEP sont peu nombreuses. L’objectif de cette étude est de mieux appréhender les processus émotionnels dans la SEP et plus particulièr...

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Published inRevue neurologique Vol. 167; no. 11; pp. 820 - 826
Main Authors Di Bitonto, L., Longato, N., Jung, B., Fleury, M., Marcel, C., Collongues, N., de Seze, J., Blanc, F.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Paris Elsevier Masson SAS 01.11.2011
Masson
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Summary:Jean-Martin Charcot a dès le xix e siècle décrit des troubles émotionnels dans la sclérose en plaques (SEP). Pourtant, les études ayant porté sur les émotions dans la SEP sont peu nombreuses. L’objectif de cette étude est de mieux appréhender les processus émotionnels dans la SEP et plus particulièrement la reconnaissance des émotions faciales et l’expérience émotionnelle. Treize patientes présentant une SEP rémittente (SEP-R), avec un score EDSS moyen de 2, ont été comparées à 13 sujets témoins, appariés en âge (âge moyen de 42 ± 2 ans), sexe et niveau socioculturel. L’échelle de dépression de Beck (BDI), l’échelle d’appréciation de l’anxiété de Hamilton ainsi que la batterie courte d’évaluation des fonctions cognitives destinée aux patients souffrant de SEP (BCcogSEP) ont été administrées. La reconnaissance des visages et des émotions faciales ont été évaluées respectivement à l’aide du test de reconnaissance des visages de Benton et du test des visages d’Ekman. Nous avons également présenté 12 sons et 12 images issus de l’International affective Digitized Sounds (IADS) et de l’International Affective Picture System (IAPS) afin d’étudier l’expérience émotionnelle des patients à travers leurs évaluations subjectives de valence et d’éveil émotionnel. Aucun déficit dans la reconnaissance des émotions faciales n’a été retrouvé chez les patients SEP, toutefois le faible effectif est à considérer. Néanmoins, il semblerait que les patients ayant des difficultés dans la reconnaissance des visages soient également moins efficients pour reconnaître les émotions faciales. Aucune différence significative n’a été retrouvée entre les deux groupes au niveau de la valence émotionnelle. Il apparaît cependant que les patients SEP, indépendamment de leur état thymique et de leur profil cognitif aient une moindre réactivité émotionnelle aux stimuli négatifs à la fois pour les sons ( p = 0,005) et les images ( p = 0,002). La réactivité aux stimuli positifs n’est en revanche pas différente de celle des sujets témoins. Ces données suggèrent une perturbation des processus émotionnels dans la SEP-R et principalement une moindre réactivité aux stimuli négatifs, qui pourrait avoir un réel impact dans la vie quotidienne. Ces modifications des émotions méritent d’être confirmées sur une plus grande cohorte. Charcot first described emotional deficits in multiple sclerosis (MS) in the XIXth century. Despite this early description, there are very few studies about emotions and MS. This study aimed at better understanding the emotional process in MS and more specifically recognition of facial emotions and emotional experience. Thirteen women with remittent MS (R-MS), with a mean EDSS score of 2, were compared with thirteen healthy control subjects, matched for age (mean age of 42 ± 2), sex and educational level. The Beck Depression Inventory (BDI), the Hamilton Anxiety Scale and the brief repeatable battery of neuropsychological tests for MS (BCcogSEP) were administered. Recognition of faces and facial expression of emotion were assessed by the Benton facial recognition test and recognition of facial emotions was assessed by Ekman's facial expression test. We have also presented 12 different sounds and pictures from the International Affective Digitized Sounds and Picture System (IADS and IAPS) in order to study the emotional experience by using criteria of valence and arousal. No deficit of facial emotion recognition was found in MS in this small population. Nevertheless, patients who had difficulty recognizing faces were the least able to recognize facial expressions. No significant difference was observed between the patient and control group for the experience of emotional valence. However, independently of their mood and cognitive status, the self-assessment of the MS patient population suggested that the patients were less reactive to negative sounds ( P = 0.005) and negative pictures ( P = 0.002) as compared with the control group, pointing to lesser sensitivity towards aversive stimuli. These data suggest disorders in emotional processes in R-MS, mainly a poor reactivity to negative stimuli which may have an impact on everyday life. A larger population should be studied to confirm these modifications of emotion.
ISSN:0035-3787
DOI:10.1016/j.neurol.2011.01.024