Produits de protection solaire : efficacité et risques

Les produits de protection solaires (PPS) composés de filtres chimiques et/ou de filtres minéraux occupent aujourd’hui une place importante en photoprotection ; ils suscitent cependant des doutes sur leur efficacité et des craintes sur leurs dangers potentiels. Une revue rapide des stratégies de pho...

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Published inAnnales de dermatologie et de vénéréologie Vol. 139; no. 4; pp. 261 - 272
Main Author Beani, J.-C.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Paris Elsevier Masson SAS 01.04.2012
Masson
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Summary:Les produits de protection solaires (PPS) composés de filtres chimiques et/ou de filtres minéraux occupent aujourd’hui une place importante en photoprotection ; ils suscitent cependant des doutes sur leur efficacité et des craintes sur leurs dangers potentiels. Une revue rapide des stratégies de photoprotection montre que les PPS auraient une place en photoprotection par l’absence d’autres moyens de photoprotection dont l’efficacité ait été clairement établie chez le sujet sain ; ils l’ont aussi car ils ont une réelle efficacité protectrice contre la plupart des effets délétères du soleil, à condition d’être conçus en respectant un cahier des charges parfaitement identifié dans les recommandations établies par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Cette efficacité passe par une utilisation correcte que l’Afssaps a également récemment rappelée dans des recommandations de bon usage des produits solaires à l’attention des utilisateurs : application d’une quantité suffisante de produit, choix de la bonne classe de photoprotection en fonction de son phototype et des conditions d’ensoleillement, renouvellement régulier des applications si l’exposition se prolonge ou après un bain ou une sudation abondante. Les filtres solaires sont connus depuis longtemps pour être à l’origine de dermites allergiques de contact, de dermites irritatives et de photosensibilisation ; récemment, est apparu un risque particulier pour l’octocrylène. Mais le débat est surtout centré sur le risque de perturbations endocriniennes pouvant être induites par les filtres chimiques, dont certains ont une pénétration transcutanée établie. La possibilité d’un effet mimant l’estradiol a ainsi été soulevée à partir d’une série de travaux, provenant quasiment tous de la même équipe et qui ont essentiellement concerné le 4-méthylbenzylidène-camphre (4-MBC) après absorption orale chez le rat. Le risque d’un tel effet par les PPS dans des conditions normales d’usage paraît, en l’état actuel des données, peu pertinent ; en tout état de cause, dans le cadre du « Plan d’action national sur la fertilité », l’Afssaps a été saisie pour analyser le risque attribuable aux substances cosmétiques « reprotoxiques » et/ou perturbateurs endocriniens et, de fait, différents filtres solaires sont en réévaluation vis-à-vis de ce risque. La plus grande sécurité des filtres minéraux, alléguée sur l’absence d’induction de risque de (photo)sensibilisation — ce qui conduisait à les faire préférer chez le jeune enfant —, n’apparaît pas aussi évidente depuis que le dioxyde de titane (TiO2) et l’oxyde de zinc (ZnO) sont utilisés sous forme nanoparticulaire. L’Afssaps a réalisé un rapport d’évaluation du risque en termes de pénétration cutanée, de génotoxicité et de cancérogenèse du TiO2 et du ZnO sous forme nanoparticulaire ; des études complémentaires sont nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions générales. Le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC) conduit également une évaluation sur l’utilisation du TI02 et du Zn0 comme filtres ultraviolets (UV). Enfin, les données actuelles ne laissent pas à penser que les PPS puissent avoir un effet délétère en inhibant les effets bénéfiques du soleil, en particulier la synthèse de vitamine D. Solar protection products (SPP) containing chemical filters and/or mineral filters are extensively used today in photoprotection; however, concerns continue to be voiced about their efficacy and about their possible dangers. A rapid review of photoprotection strategies shows that SPP owe their photoprotective effect to the absence of other photoprotection methods having clearly established efficacy in healthy subjects; in addition, they exhibit real protective efficacy against the majority of harmful effects of solar radiation, provided they have been devised in keeping with the specifications clearly set out in the recommendations of the French Medicines Agency (Afssaps). Such efficacy is dependent on their correct usage, recently reiterated by Afssaps in its recommendations to end-users concerning the good use of solar products: application of adequate quantities of such products, selection of the appropriate photoprotection class based on phototype and conditions of exposure, and regular renewal of applications in the event of prolonged exposure and after bathing or profuse sweating. Solar filters have long been known to cause contact allergic dermatitis, irritative dermatitis and photosensitisation, and a particular risk has appeared with the use of octocrylene. However, debate has centred primarily on the risk of endocrine disturbance potentially induced by chemical filters, certain of which exhibit established transcutaneous penetration. The risk of mimicry of an effect of oestradiol has been raised on the basis of a series of studies, almost all of which were carried out by the same team, and which mainly concerned 4-methylbenzylidene-camphor (4-MBC) following oral absorption in the rat. The risk of this type of effect with SPPs under normal conditions of use seems fairly remote according to the current state of knowledge; in any event, within the context of the “National Fertility Action Plan”, Afssaps has been formally requested to analyse the risk associated with cosmetic substances that are “reprotoxic” and/or affect endocrine function, as a result of which various filters are currently being reassessed for such risk. The greater alleged safety of mineral filters, based on the absence of introduction of risk of photosensitisation (as a result of which they are preferred for use in young children), no longer seems so clear since the introduction of titanium dioxide (TiO2) and zinc oxide (ZnO) in the form of nanoparticles. Afssaps drew up a risk assessment report concerning cutaneous penetration, genotoxicity and oncogenesis for TiO2 and ZnO in nanoparticle form; further studies are needed before any general conclusions may be drawn. The European Scientific Committee on Consumer Safety (SCCS) is also carrying out an evaluation of the use of TiO2 and of ZnO as UV filters. Finally, current data do not suggest that SPPs exert any harmful effects by inhibiting the beneficial effects of the sun, in particular, vitamin D synthesis.
ISSN:0151-9638
DOI:10.1016/j.annder.2012.01.022