La relation mère–fille. Une histoire sans nom de Barbey d’Aurevilly

En 1967 des hématologues, s’inspirant du roman de Barbey d’Aurevilly, Une histoire sans nom (1846), ont décrit le syndrome de Lasthénie de Ferjol : des anémies dues à des hémorragies volontairement provoquées. C’est à partir de ce même roman que nous avons voulu étudier la relation mère–fille. Madam...

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Published inEvolution psychiatrique Vol. 68; no. 1; pp. 17 - 26
Main Author Gueguen, Jean-Philippe
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier SAS 2003
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Summary:En 1967 des hématologues, s’inspirant du roman de Barbey d’Aurevilly, Une histoire sans nom (1846), ont décrit le syndrome de Lasthénie de Ferjol : des anémies dues à des hémorragies volontairement provoquées. C’est à partir de ce même roman que nous avons voulu étudier la relation mère–fille. Madame de Ferjol, qui est veuve, vit comme une recluse avec son unique fille Lasthénie, jusqu’au jour où un capucin entre dans leur vie à l’occasion du carême. Cette irruption de la sexualité (Lasthénie se retrouve enceinte) plonge la jeune fille dans un mutisme total et dans des conduites automutilantes (anémies provoquées) qui provoquent sa mort et celle de l’enfant à naître. Nous voyons dans cette fable un paradigme de la relation mère–fille déjà observé dans l’anorexie mentale. Mère et fille sont prises dans une dyade narcissique dont aucune ne peut se déprendre. La mère est dans un deuil pathologique et nous faisons l’hypothèse que cette mère morte est dans un processus mélancolique où la haine est projetée sur l’enfant. Enfin nous tentons d’aborder les connexions entre hystérie et anorexie, car se joue aussi dans cette histoire une rivalité entre la mère et la fille, une histoire où la sexualité — et donc le tiers — est innommable. In 1967, some hematologists who were inspired by Barbey d’Aurevilly’s novel, “A story without a name”, described the syndrome of Lasthénie de Ferjol: recurrent anemia resulting from voluntarily provoked hemorrhages. We used the same novel as a basis for studying the mother–daughter relationship. Madame de Ferjol is widowed, and lives a reclusive life with her only daughter, Lasthénie, until such time as a capuchin priest enters their life during Lent. This unexpected encounter with sexuality (Lasthénie becomes pregnant) has a marked effect upon the young woman; she withdraws into total silence, and displays self-mutilating behavior (provoked bouts of anemia) which leads to her death and to that of her unborn child. In this tale, we see a paradigm of the mother–child relationship that has already been observed in anorexia nervosa. Mother and daughter are caught up in a narcissistic dyad fom which neither is able to extricate herself. The mother remains in a pathological state of mourning, and we put forward the hypothesis that this dead mother is affected by a melancholic process in which her hatred is projected onto her daughter. Finally, we have attempted to examine the connections between hysteria and anorexia nervosa, as in this story rivalry between mother and daughter also plays a role, and in which sexuality—therefore involving a third party—is unmentionable.
ISSN:0014-3855
1769-6674
DOI:10.1016/S0014-3855(03)00004-5