La pollution atmosphérique contribue à la rupture de la barrière cutanée et ralentit la croissance neuronale
Les effets néfastes de la pollution de l’air, gazeuse et particulaire (particules fines [PM]), sont très étudiés au niveau cardiovasculaire et respiratoire, un peu moins sur la peau et son innervation. Suggéré par des études épidémiologiques, le rôle des PM dans la physiopathologie des peaux sensibl...
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Published in | Annales de dermatologie et de vénéréologie Vol. 146; no. 12; pp. A345 - A346 |
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Main Authors | , , , , , , , |
Format | Journal Article |
Language | French |
Published |
Elsevier Masson SAS
01.12.2019
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Subjects | |
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Summary: | Les effets néfastes de la pollution de l’air, gazeuse et particulaire (particules fines [PM]), sont très étudiés au niveau cardiovasculaire et respiratoire, un peu moins sur la peau et son innervation. Suggéré par des études épidémiologiques, le rôle des PM dans la physiopathologie des peaux sensibles (PS) n’a jamais été clairement démontré. L’objectif de cette étude a donc été d’analyser in vitro l’impact des PM sur la peau humaine et la croissance neuronale.
Deux concentrations de PMs, prélevées en zone urbaine (Cotonou) étaient appliquées sur des épidermes humains reconstruits (EHR) pendant 24 H et 72 H. Puis, les EHR récupérés pour des analyses transcriptomiques et les surnageants de culture dits « conditionnés » (SC) étaient placés sur des PC12 en début de différenciation. L’effet de ces SC sur la viabilité, la fonctionnalité et la croissance neuronale était évalué.
L’analyse par qPCR montrait que l’incubation des EHR avec ces PMs, de composition chimique complexe, induisait une augmentation des ARNm des protéines impliquées dans la différenciation terminale des kératinocytes (filagrine, KLK7 et CD44v6). De manière surprenante, une diminution des ARNm codant pour la loricine était observée. Les expressions des ARNm de protéines pro-inflammatoires comme le TLR-2 et la TSLP ou encore du CYP1A1, une protéine impliquée dans la voie d’induction du stress oxydatif, étaient aussi impactées. La viabilité et la fonctionnalité des PC12 après 6 jours de culture en présence des SC n’étaient pas modifiées alors qu’une diminution drastique et significative des longueurs de neurites était observée. Ce résultat était en accord avec la modification de balance d’expression des ARNm codant pour les facteurs régulant la croissance neuronale, le NGF (diminué) et la sémaphorine 3A (augmenté).
Cette étude in vitro montre l’impact délétère des PMs sur la peau en favorisant l’expression de protéines impliquées dans l’inflammation, les voies du stress oxydatif et la différenciation terminale des kératinocytes, participant ainsi à l’altération de la barrière cutanée. Mais nous montrons surtout que les médiateurs libérés par les kératinocytes suite à ce stress inhibaient la croissance neuronale. Cette diminution des neurites est en corrélation avec des études précédentes décrivant la PS comme une neuropathie des petites fibres. Le rôle de la pollution atmosphérique dans l’induction du syndrome des PS n’est donc sans doute pas à exclure.
Il semble donc que la pollution ait un effet délétère sur la peau en favorisant son inflammation et en agissant sur la différenciation des kératinocytes mais en impactant également les terminaisons nerveuses. Hors, cette innervation a un rôle fondamental dans le maintien du bon fonctionnement de la peau. Protéger l’innervation de la pollution apparaît donc comme un élément important à prendre en compte pour protéger efficacement la peau. |
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ISSN: | 0151-9638 |
DOI: | 10.1016/j.annder.2019.09.579 |