Maladie de Kikuchi : caractéristiques de la première cohorte de Polynésie française

La maladie de Kikuchi-Fujimoto (MKF) est une lymphadénite nécrosante, rare, touchant préférentiellement les populations asiatiques. La Polynésie française est un territoire de 276 831 habitants (ISPF 2013). Les populations originelles sont génétiquement issues d’un métissage avec des populations mig...

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Published inLa revue de medecine interne Vol. 37; p. A62
Main Authors Mourguet, M., Oehler, E.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier SAS 01.12.2016
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Summary:La maladie de Kikuchi-Fujimoto (MKF) est une lymphadénite nécrosante, rare, touchant préférentiellement les populations asiatiques. La Polynésie française est un territoire de 276 831 habitants (ISPF 2013). Les populations originelles sont génétiquement issues d’un métissage avec des populations migrantes d’Asie du Sud-Est, puis de Mélanésie à partir de 1600–1500 avant JC jusqu’en 300–400 après JC. La population chinoise représente actuellement plus de 5 % de la population. Aucune étude jusqu’à présent n’a décrit les caractéristiques phénotypiques et biologiques de la MKF en Polynésie française. L’objectif de notre étude est de caractériser la MKF dans la première cohorte de Polynésie française et de la comparer avec d’autres cohortes afro-brésiliennes, caucasiennes et asiatiques. Étude rétrospective, unicentrique, descriptive de patients atteints d’une MKF, vivant en Polynésie française, diagnostiquée au centre hospitalier de Polynésie française. Les critères d’inclusion étaient : enfants et adultes d’origine polynésienne avec une biopsie compatible avec une MKF. La cohorte est de 11 patients (8 femmes et 3 hommes ; sex-ratio : 0,37) d’âge moyen 29,2 ans [7,8–78]. Le délai diagnostic moyen était de 6,9 semaines [0,4–19,6]. La localisation des adénopathies était cervicale (84,6 %), axillaire (61,5 %), sus-claviculaire (46,2 %), bilatérales dans 92,3 %, avec en moyenne 2,5 aires ganglionnaires atteintes. La fièvre était présente dans 61,5 %, un amaigrissement dans 76,9 %, des cervicalgies dans 84,6 % et une odynophagie dans 53,8 % des cas. On retrouvait 30,8 % d’éruptions cutanées, 30,8 % d’arthralgies, 23,1 % d’organomégalie. Chez 2 patients (18,2 %), la MFK était associée à une maladie auto-immune ou auto-inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde et maladie de Still), cette dernière étant révélée par la MFK. Biologiquement, on retrouve une CRP moyenne à 17,5mg/L, une neutropénie chez 4 patients (36 %), les LDH moyens sont élevés (897,8UI/L). Ils ont peu d’auto-anticorps antinucléaires (9 %). Le suivi de la cohorte est de 34,1 mois [0,2–193,3]. Aucun cas de lupus n’a été révélé par la MKF ou déclaré durant le suivi. Six cas infections concomitantes (46,2 %) ont été décrites dans la cohorte (tuberculose, leptospirose, otite moyenne aiguë, sinusite, mycose génitale, gastro-entérite virale). Les patients ont été fréquemment exposés à une corticothérapie (46,2 %) ou une antibiothérapie d’épreuve (76,9 %). La guérison totale de l’épisode est préférentiellement à partir du quinzième jours après début des symptômes (30,8 %). Il est difficile de tirer des conclusions sur des comparaisons de notre petite population avec d’autres cohortes, mais nos patients semblent plus amaigris, ont plus de polyadénopathies et d’adénopathies autres que cervicales et axillaires, et plus d’organomégalies que les MKF de certaines cohortes caribéennes, caucasiennes et asiatiques. Ils sont moins souvent lymphopénique ou anémique. Ils ont peu d’auto-anticorps antinucléaires. Ils ont plus souvent été exposés à une corticothérapie ou une antibiothérapie d’épreuve. L’évolution clinique des adénopathies semble relativement similaire. Notre cohorte de MKF présente peu de maladies auto-immunes associées, en particulier de lupus, et des infections concomitantes inhabituelles. Cela est atypique compte tenu de l’incidence connue du lupus dans les populations asiatiques. La MKF est diagnostiquée et prise en charge relativement rapidement en Polynésie française malgré les contraintes géographiques, sans incidence sur le suivi évolutif des adénopathies, même compte tenu d’une exposition fréquente à la corticothérapie ou à un traitement antibiotique d’épreuve.
ISSN:0248-8663
1768-3122
DOI:10.1016/j.revmed.2016.10.009