Enterobacter aerogenes : un nouvel agent de folliculite des jacuzzis ?

Les espèces du genre Enterobacter sont des bacilles Gram négatif (BGN) de la famille des enterobacteriaceae, dont le réservoir se situe dans le sol et l’eau. Elles sont responsables d’infections nosocomiales (bactériémie, pneumonie, méningite). Nous décrivons 3 cas de folliculites récidivantes de la...

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Published inAnnales de dermatologie et de vénéréologie Vol. 143; no. 12; p. S334
Main Authors Monsel, G., Dauendorffer, J.-N., Aubry, A., Nebbad, B., Schneider, P., Caumes, E., Chosidow, O.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier Masson SAS 01.12.2016
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Summary:Les espèces du genre Enterobacter sont des bacilles Gram négatif (BGN) de la famille des enterobacteriaceae, dont le réservoir se situe dans le sol et l’eau. Elles sont responsables d’infections nosocomiales (bactériémie, pneumonie, méningite). Nous décrivons 3 cas de folliculites récidivantes de la barbe à E. aerogenes potentiellement acquises lors de bains en jacuzzi pour deux d’entre eux (Tableau 1). Le patient 1, 38 ans, avait un antécédent de leucémie aiguë myéloïde en rémission et fréquentait régulièrement les jacuzzis. Sa folliculite de barbe évoluait depuis 2 mois. Différents traitements empiriques étaient inefficaces : antibiothérapie orale (doxycycline, pristinamycine), antibiothérapie locale (clindamycine) et traitement anti-acnéique (acide rétinoïque topique, zinc). La bactériologie (lésions et narines) identifiaient E. aerogenes sauvage. La ciprofloxacine (15jours) permettait la guérison du patient, tandis qu’il interrompait les jacuzzis. Le patient 2, 34 ans, homosexuel, sans antécédent, fréquentait régulièrement les jacuzzis et consultait pour une folliculite du visage, faite de pustules et de nodules profonds, apparue depuis 6 mois. Des antibiothérapies empiriques par cyclines, pristinamycine et céfixime étaient inefficaces. La bactériologie identifiait E. aerogenes sauvage. L’ofloxacine (15jours) permettait la guérison, avec récidive 2 mois plus tard, alors que les jacuzzis n’avaient pas été interrompus. La ciprofloxacine (21jours) et l’arrêt des jacuzzis entraînaient une guérison définitive. Le patient 3, 41 ans, homosexuel, sans antécédent, consultait pour une folliculite de barbe évoluant depuis 6 mois, en échec d’un traitement empirique par pristinamycine. E. aerogenes sauvage était identifié (lésions et narines). Après échec de 3 antibiothérapies de 15jours, adaptées à l’antibiogramme (céfixime, cotrimoxazole et cefpodoxime), le patient guérissait sous ofloxacine (15jours). Les folliculites à BGN (Escherichia coli, Klebsiella sp., Proteus sp., Enterobacter sp., Pseudomonas aeruginosa) sont généralement l’apanage de sujets avec une acné ancienne, ayant reçus des antibiothérapies prolongées répétées. Les 3 patients n’avaient pas d’antécédent d’acné. Le phénotype sauvage de l’Enterobacter était en faveur d’une origine environnementale. De manière intéressante, deux des patients fréquentaient régulièrement des jacuzzis, faisant suspecter une contamination, des souches d’Enterobacter sp. ayant d’ailleurs été déjà été isolées dans l’eau de hammams marocains. E. aerogenes pourrait être un nouvel agent de folliculites à BGN, notamment des jacuzzis, comme elles sont classiquement décrites avec P. aeruginosa, et plus récemment avec Aeromonas hydrophila. Toute folliculite résistante aux traitements classiques doit conduire à un prélèvement bactériologique et une antibiothérapie adaptée.
ISSN:0151-9638
DOI:10.1016/j.annder.2016.09.518