Évolution de la vitamine B12 plasmatique au cours des cancers solides sous traitement curatif ou palliatif

La découverte fortuite d’une vitamine B12 plasmatique (B12) élevée est une situation fréquente en médecine interne. L’association entre cancers solides et B12 élevée a été montrée dans des études de cohortes et cette association persiste après ajustement sur les autres causes de B12 élevée [1,2,3]....

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Published inLa revue de medecine interne Vol. 42; pp. A395 - A396
Main Authors Lacombe, V., Patsouris, A., Delattre, E., Lavigne, C., Lacout, C., Urbanski, G.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier Masson SAS 01.12.2021
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Summary:La découverte fortuite d’une vitamine B12 plasmatique (B12) élevée est une situation fréquente en médecine interne. L’association entre cancers solides et B12 élevée a été montrée dans des études de cohortes et cette association persiste après ajustement sur les autres causes de B12 élevée [1,2,3]. Le design de ces études ne permettait toutefois pas d’établir un lien de causalité et sa direction. En effet, si la majorité des auteurs soutiennent l’hypothèse que les cancers solides sont directement ou indirectement responsables de l’élévation de la B12, d’autres ont émis l’hypothèse que l’élévation de la B12 favoriserait le développement de cancers. Ainsi, l’évolution de la B12 sous traitement permettrait de déterminer si les cancers solides sont responsables de la B12 élevée ou l’inverse. En effet, une décroissance de la B12 après traitement curatif suggèrerait que l’élévation de la B12 est induite par le cancer. À l’inverse, la persistance sous traitement d’une B12 élevée montrerait que l’élévation de la B12 favorise le développement de cancers. Dans cette étude, nous avons comparé l’évolution de la B12 au cours de cancers solides initialement associés à une B12 élevée chez des patients recevant un traitement curatif en comparaison à d’autres recevant un traitement palliatif. Nous avons inclus rétrospectivement les patients ayant : i) deux dosages de B12 à deux moments différents (T1 et T2) ; ii) un cancer solide diagnostiqué entre T1 et T2 ; iii) une B12 élevée (≥1000ng/L) à T1. Le dosage à T1 devait avoir lieu dans les 3 mois précédant le diagnostic de cancer solide, et le dosage à T2 devait être réalisé dans les 6 mois suivant le diagnostic. Les patients présentant une autre cause de B12 élevée étaient exclus : hépatopathie aiguë ou chronique, hémopathie myéloïde, insuffisance rénale chronique sévère, maladie inflammatoire ou auto-immune, ou cancer solide actif déjà diagnostiqué avant T1. Les patients traités de façon curative par chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie et/ou immunothérapie étaient inclus dans le groupe Curatif. Les patients ne recevant que des soins de support (antalgiques et autres traitements symptomatiques) étaient inclus dans le groupe Palliatif. Les patients recevant uniquement une chirurgie mineure, une radiothérapie localisée ou une corticothérapie systémique étaient exclus. L’évolution de la B12 au cours du temps était modélisée par régression linéaire et les courbes étaient comparées par le F-test. Nous avons inclus 9 patients dans le groupe Curatif et 10 dans le groupe Palliatif. Les groupes ne différaient pas en termes d’âge (p=0,14), de sexe (p>0,99) et de B12 à T1 (p=0,16). Une diminution significative (≥10 % de la valeur initiale) de la B12 entre T1 et T2 était plus fréquente dans le groupe Curatif (8/9) que dans le groupe Palliatif (1/10, p=0,001). L’évolution de la B12 après traitement différait entre les deux groupes (p=0,001). Les courbes de régression linéaire permettaient d’estimer l’évolution de la B12 en cours de traitement à −171,6ng/L/mois dans le groupe Curatif contre +157,4ng/L/mois dans le groupe Palliatif. Dans notre étude, la vitamine B12 plasmatique diminuait sous traitement curatif chez les patients présentant un cancer solide associé à une B12 élevée. Ceci suggère fortement que la B12 élevée soit secondaire aux cancers solides et non un élément sous-jacent favorisant leur développement.
ISSN:0248-8663
1768-3122
DOI:10.1016/j.revmed.2021.10.098