Dermatose réticulée au froid à type de dermite des chaufferettes
La dermite des chaufferettes est désormais classique, facilement reconnue devant son aspect réticulé et pigmenté, mais son inverse au froid n’a été que très peu décrit. Nous rapportons un cas de dermatose réticulée du visage causée par une exposition répétée au froid. Une patiente de 43 ans, sans an...
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Published in | Annales de dermatologie et de vénéréologie Vol. 145; no. 12; p. S224 |
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Main Authors | , , |
Format | Journal Article |
Language | French |
Published |
Elsevier Masson SAS
01.12.2018
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Subjects | |
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Summary: | La dermite des chaufferettes est désormais classique, facilement reconnue devant son aspect réticulé et pigmenté, mais son inverse au froid n’a été que très peu décrit. Nous rapportons un cas de dermatose réticulée du visage causée par une exposition répétée au froid.
Une patiente de 43 ans, sans antécédent particulier, en dehors d’une récente gonalgie pour laquelle elle prenait du naproxène quotidiennement, est adressée par les urgences en juillet pour une hypothèse diagnostique de lupus. Elle rapportait une éruption cutanée du visage avec sensation de cuisson depuis environ une semaine. À l’examen, on notait un érythème réticulé et linéaire uniquement du visage et du cou. Devant cette atteinte photo-exposée, une possible photosensibilité au naproxène était évoquée mais sans explication pour le caractère réticulé de l’éruption. Nous observions pendant la consultation que la patiente maintenait en continu un foulard imprégné d’eau froide sur son visage et elle disait que, depuis le début des lésions, elle appliquait en permanence des glaçons sur cet érythème cuisant. Le diagnostic évoqué était une probable photosensibilité au naproxène aggravée secondairement par une brûlure thermique au froid. L’instauration d’un traitement associant vaseline, l’arrêt de toute application de froid (glaçons, foulard), l’éviction du soleil et l’arrêt du Naproxene® ont permis une disparition complète des lésions en moins de 10jours (Fig. 1 et 2).
Si chez cette patiente, la cause initiale de l’érythème était probablement une photosensibilité au naproxène, l’aspect réticulé était inhabituel pour une simple photosensibilisation et nous a fait rechercher un facteur surajouté, ici le froid. Cet aspect clinique est proche de celui observé dans l’« erythema ab igne » ou « dermite des chaufferettes » évoqué devant une dermatose réticulée érythémateuse, secondairement pigmentée, liée à l’utilisation de sources de chaleurs variées (bouillotes, ordinateurs). De rares cas de panniculites liées à l’utilisation de glace dans un but thérapeutique ont été rapportés ; ces lésions de « ice-pack dermatitis » se manifestent 2 à 3jours après l’application de glace par des papulonodules érythémateux, infiltrés, mais sans observer ce caractère réticulé typique des dermites des chaufferettes. Le caractère réticulé au froid a été peu rapporté mais nous parait sous tendu par la même physiopathogénie que la dermite des chaufferettes. L’exposition répétée induirait des lésions des vaisseaux sanguins superficiels et l’aspect réticulé reflèterait la disposition anatomique de la circulation cutanée.
Nous rapportons une dermatose réticulée au froid se présentant comme une dermite des chaufferettes, d’aspect sémiologique inhabituel et peu décrit. |
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ISSN: | 0151-9638 |
DOI: | 10.1016/j.annder.2018.09.336 |