Mortalité par angioedèmes isolés en France : quels mécanismes étiologiques ?

Il existe deux grands mécanismes étiologiques des angioedèmes (AE) isolés cervico-faciaux : bradykinique, par anomalie congénitale ou acquise du métabolisme de la bradykinine, et histaminique, par dégranulation mastocytaire spécifique (allergique) ou non spécifique. L’AE cervico-facial est associé à...

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Published inLa revue de medecine interne Vol. 38; pp. A100 - A101
Main Authors Crochet, J., Pralong, P., Lepelley, M., Yahiaoui, N., Vermorel, C., Bosson, J.L., Leccia, M.T., Bouillet, L.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier SAS 01.12.2017
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Summary:Il existe deux grands mécanismes étiologiques des angioedèmes (AE) isolés cervico-faciaux : bradykinique, par anomalie congénitale ou acquise du métabolisme de la bradykinine, et histaminique, par dégranulation mastocytaire spécifique (allergique) ou non spécifique. L’AE cervico-facial est associé à une crainte majeure et systématique d’asphyxie de la part du patient et de l’équipe qui va le prendre en charge. Les objectifs de notre étude étaient, d’avoir des données mortalité par AE et de déterminer si une des étiologies était la plus fréquemment responsable des décès. Il s’agit de la 1re étude nationale des cas d’angiœdèmes cervico-faciaux mortels. Nous avons colligé les cas de décès par AE isolés asphyxiants déclarés en France entre 2000 et 2014 via les certificats de décès et la base nationale de pharmacovigilance. Les cas ont été expertisés et classés selon le mécanisme étiologique qui paraissait le plus probable : histaminique, bradykinique, ou indéterminé, quand ni l’une ni l’autre des deux étiologies ne pouvait être approchée. Lorsque l’AE était accompagné d’une autre cause pouvant expliquer le décès, notamment les symptômes d’anaphylaxie sévère (choc anaphylactique, asthme) le cas était exclu. Les taux de décès ont été calculés avec les données démographiques françaises entre 2000 et 2014 issues de l’institut national d’études démographiques. Le taux de létalités a été estimé sur la base d’une revue de la littérature concernant les différentes prévalences des AE bradykiniques et histaminiques considérées stables sur la période étudiée. Au total, 1090 cas de décès avec mention d’angiœdème ont été analysés entre 2000 et 2014 : 888 dans la base nationale du centre d’épidémiologie des décès et 202 dans la base nationale de la pharmacovigilance. L’angiœdème a été retenu comme cause du décès par asphyxie dans 342 cas. La mortalité globale par AE asphyxiant, toutes causes confondues est estimée à 0,36/million d’habitants (IC 95 à 0,23–0,54). L’étiologie bradykinique a été retenue dans 129 cas. Le taux de décès par millions d’habitants était de 0,14 (IC 95 : 0,06–0,26). La létalité est de 0,270 pour mille patients atteints d’AEB par an (IC 95 : 0,123–0,514). L’étiologie histaminique a été retenue dans 96 cas (93 dans la base du CépiDC et 3 dans la BNPV) soit, un taux de décès par millions d’habitants à 0,09 (IC 95 : 0,03–0,21). La létalité est de 0,006 pour mille patients atteints d’AEHi par an (IC 95 : 0,002–0,013). Cent-dix-sept cas de décès par AE n’ont pu être classés selon leur mécanisme physiopathologique dans les bases de données étudiées. La mortalité globale est très faible et ceci rejoint les données de la littérature à ce sujet (taux de mortalité de 0,36/millions d’habitants entre 1999 et 2010 aux Etats-Unis). L’étiologie bradykinique était la cause de décès majoritaire et au vu des taux de létalités, ces résultats vont dans le sens d’un risque 45 fois supérieur de décès par AEB que par AEHi. Ainsi la particulière gravité d’un épisode doit faire évoquer l’hypothèse bradykinique et réévaluer rapidement un traitement de première ligne qui serait inadapté. Par ailleurs, il est intéressant de noter que l’ensemble des cas d’AE histaminiques mentionnaient une allergie, mais dans 2 cas rapportés par la pharmacovigilance, les délais étaient de 2h entre l’exposition au médicament et l’AE, interrogeant sur le mécanisme de dégranulation mastocytaire. Néanmoins, aucune urticaire chronique ou mastocytose n’a été mentionnée dans les comorbidités des cas étudiés et ceci nous semble important pour continuer à rassurer les patients présentant des AE dans le cadre de ces deux pathologies. Une évolution de la classification statistique internationale des maladies (CIM) utilisée pour l’exploitation des certificats de décès est prévue pour 2018. Au vu de l’avancée des connaissances durant les 30 dernières années, un classement des AE plus détaillé et basé sur la physiopathologie, permettrait d’améliorer la validité interne des prochaines études sur la mortalité par AE. Il s’agit de la première étude nationale de mortalité par AE. La mortalité globale est extrêmement faible (0,30/millions d’habitants). Les AE bradykiniques mènent 45 fois plus au décès que les AE histaminiques.
ISSN:0248-8663
1768-3122
DOI:10.1016/j.revmed.2017.10.405