Une tumeur gliale qui remue ses méninges

Les gliomes de bas grade sont des tumeurs malignes souvent chimiosensibles. L’aggravation neurologique précoce post-traitement doit conduire à une enquête étiologique approfondie avant d’affirmer une progression tumorale. Nous rapportons le cas de M. G., 54 ans, suivi pour un oligodendrogliome anapl...

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Published inRevue neurologique Vol. 177; p. S38
Main Authors Checkouri, Thomas, Scuccimarra, Marie, Obadia, Mickael Alexandre, Valyraki, Nefeli, Touat, Mehdi, Dehais, Caroline
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier Masson SAS 01.04.2021
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Summary:Les gliomes de bas grade sont des tumeurs malignes souvent chimiosensibles. L’aggravation neurologique précoce post-traitement doit conduire à une enquête étiologique approfondie avant d’affirmer une progression tumorale. Nous rapportons le cas de M. G., 54 ans, suivi pour un oligodendrogliome anaplasique frontal gauche (IDH1 muté, co-délété 1p/19q), traité par exérèse en mai 2018 puis radiothérapie et 6 cycles de polychimiothérapie (association procarbazine–CCNU–vincristine) jusqu’en avril 2019. En août 2019, il présentait un amaigrissement (−10 kgs) avec sueurs, céphalées et toux sèche. La biologie était normale hormis une lymphopénie (0,34 G/L). Il présenta ensuite un vertige brutal, révélant un infarctus dans le territoire de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure droite et des prises de contraste multiples des nerfs crâniens. Le bilan étiologique vasculaire était négatif. Dans ce contexte, une progression précoce de la tumeur cérébrale sous forme de méningite tumorale était suspectée. Néanmoins, la PL montrait une méningite lymphocytaire (262 éléments/mm3) hyperprotéinorachique et hypoglycorachique, avec présence de bandes oligoclonales, sans cellule tumorale, plutôt en faveur d’un processus réactionnel infectieux. La sérologie Lyme était positive dans le sang et dans le LCR (IgG 95 UA/mL), avec synthèse intrathécale d’IgG anti-Borrélia. Le traitement antibiotique a permis la récupération ad integrum, avec disparition de la méningite et des prises de contraste. Les patients avec oligodendrogliomes anaplasiques traités par chimiothérapie et radiothérapie ont une médiane de survie globale supérieure à 15 ans. La survenue d’un envahissement méningé est un évènement rare, et l’observation d’une méningite très précoce doit faire rechercher les étiologies classiques de méningite basilaire, potentiellement curables. Ici, la lymphopénie chimio-induite a pu favoriser la forme tertiaire de maladie de Lyme. Les progrès récents dans la biologie des tumeurs cérébrales ont amélioré la stratification pronostique des patients. Une progression tumorale précoce d’un oligodendrogliome doit faire évoquer des diagnostics différentiels.
ISSN:0035-3787
DOI:10.1016/j.neurol.2021.02.163