Où sont passé·e·s les coauteurs·trices ?

Longtemps marginale, la recherche participative est devenue une approche de plus en plus répandue dans les sciences sociales, biophysiques et les études interdisciplinaires. L’augmentation générale du nombre de publications tirées d’une recherche participative a soulevé la question de la reconnaissa...

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Published inRevue d'anthropologie des connaissances Vol. 12-2; no. 2; pp. 323 - 360
Main Authors Sarna-Wojcicki, Daniel, Perret, Margaret, Eitzel, M. V, Fortmann, Louise, Bruno, Isabelle
Format Journal Article
LanguageFrench
Published S.A.C 2018
Société d'Anthropologie des Connaissances
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Summary:Longtemps marginale, la recherche participative est devenue une approche de plus en plus répandue dans les sciences sociales, biophysiques et les études interdisciplinaires. L’augmentation générale du nombre de publications tirées d’une recherche participative a soulevé la question de la reconnaissance des contributions de collaborateurs et collaboratrices non universitaires. Au moyen de méthodes qualitatives et quantitatives, nous avons analysé les tendances et modèles des pratiques d’autorat et de reconnaissance à partir d’un échantillon de 262 articles de revue restituant les résultats de recherches participatives sur les moyens d’existence en milieu rural, publiés entre 1975 et 2013. Seuls 6 % des chercheuses et chercheurs reconnaissent les contributions intellectuelles de leurs collaborateurs·trices non universitaires en leur attribuant un statut de coauteur·trice, tandis que 51 % se contentent de remerciements. En nous appuyant sur les entretiens menés avec les auteurs·trices principaux des articles coécrits, nous avons examiné les facteurs expliquant les cas où la qualité d’auteur était partagée avec les collaborateurs·trices non universitaires. Malgré un certain nombre d’obstacles, les chercheuses et chercheurs ayant opté pour le coautorat justifient ce choix par un souci d’éthique scientifique, la volonté de reconnaître toutes les contributions intellectuelles et un effort de décolonisation épistémique. Notre propos est non seulement de montrer que la cosignature peut être un vecteur important de justice épistémique dans la recherche participative, mais aussi d’encourager ses praticien·ne·s à faire des discussions sur les enjeux d’autorat avec leurs collaborateurs·trices une partie intégrante de la recherche-action participative [ engaged scholarship ]. Nous soulignons également que les contributions non universitaires au savoir scientifique doivent être prises en considération dans la compréhension des pratiques de recherche.
Bibliography:Production et circulation des savoirs de l'agro-écologie
ISSN:1760-5393
DOI:10.3917/rac.039.0323